Cortazar : fantastique et nouveau fantastique.
Les territoires de l'insondable
Du 19 mai 2019 au 7 octobre 2019
Par Antoine Ventura. Rares sont les études d’envergure parues en France sur Julio Cortázar, l’un des grands écrivains latino-américains du xxe siècle, bien qu’il ait connu le succès durant la seconde partie de sa vie, en tant que parisien d’adoption. Alors que l’on dispose, depuis la fin des années 2000, de beaux volumes rassemblant l’ensemble de ses nouvelles et récits. La présente étude propose une mise en perspective de l’œuvre et un approfondissement dans son interprétation. Héritière de plusieurs traditions (littérature gothique, nouvelle fantastique d’Argentine et d’Uruguay, surréalisme, existentialisme), son œuvre en propose un mélange subtil qui renouvelle le genre et met en échec les théories du fantastique. Par ailleurs, sa culture littéraire à la fois hispanique et anglophone en a fait un redoutable nouvelliste. En prenant principalement appui sur l’un des derniers recueils parus, Nous l’aimons tant, Glenda (1980), l’étude de cette écriture met en évidence cette maîtrise des genres mais aussi tout ce qui demeure sous-jacent, à savoir la mise en avant de l’insondable du monde et du moi, de la subjectivité et de son opacité, y compris au travers d’un discours du désir amoureux (très peu étudié jusqu’ici) et d’un questionnement sur le contexte politique des années 1970 en Amérique latine que le traitement fantastique rend paradoxalement énigmatique.