SYMBOLON

Présentation de l’axe SYMBOLON

 

Toute société humaine se fonde, se refonde et se gouverne par les symboles (Pascal Ory)

 

Le mot Symbolon désignait en grec ancien « un objet de reconnaissance », divisé en deux parties, obtenues souvent en brisant un tesson de poterie. Par l’emboitement de ces morceaux, chaque porteur pouvait se reconnaître et, par là même, reconnaître l’autre comme membre d’une même communauté. À cette première dimension de reconnaissance vient s’associer également l’idée de signal, d’indice ou de signe, ainsi que celle de « méthode, au sens large, visant à déchiffrer les sens dont un signe est porteur. Les idées de reconnaissance, de sens caché, de trace de l’invisible s’articulent autour du symbolon ; idées qui, en dépit des avatars du mot, sont toujours présentes dans son expression contemporaine en langue française » (Decharneaux et Nefontaine, 2014).

En nommant SYMBOLON notre axe au sein de l’Unité de Recherche 3656 AMERIBER, nous voulons affirmer ce lien étroit entre méthode et objet d’étude. Notre objectif est de centrer nos recherches sur la place de l’émotion au sein du champ politique, mais également du champ social et culturel, afin d’appréhender et d’analyser les initiatives mises en œuvre dans ces domaines pour mieux rassembler les membres d’un groupe, d’une communauté ou d’une société donnée. En suivant Michel Pastoureau, qui considère le symbole comme « un signe qui exprime une idée, un concept, une notion » comportant une dimension charismatique, nous espérons être en mesure de révéler les « croyances d’une époque, voire des fragments d’un imaginaire collectif, comme autant de traces visibles de la normalité » (Aupiais, 2005) mais également, par opposition, de l’exception -thématique centrale retenue dans le cadre des réflexions de l’UR 3656 AMERIBER pour le quinquennat en cours-.

Les membres de notre axe seront ainsi amenés à travailler sur différents domaines (politique, social, culturel), périodes (en privilégiant néanmoins l’époque contemporaine du XIXe au XXIe siècle, sans fermer pour autant la porte à d’autres périodes, et  L’Espagne contemporaine mais sans exclure d’autres aires géographiques et culturelles (Europe, Amérique Latine, Afrique, Asie… ) dont le point commun, outre des approches théoriques et des dynamiques comparatives transnationales indispensables, sera leur insertion dans le domaine d’influence, présent ou passé, de la culture et de la civilisation hispaniques.

Notre équipe compte donc mener des recherches sur plusieurs axes afin de mieux appréhender la complexité et les nombreux champs au sein desquels le symbole est constamment mobilisé. Nous avons comme objectif favoriser l’étude de la grande diversité des manifestations symboliques qui vont du monumental, en tant que clé de voute du système emblématique, aux cérémonies commémoratives en passant par la signalétique ou les couleurs, sans oublier les nombreuses manifestations artistiques, de la peinture à la littérature, du cinéma au street art, de la musique à la danse qui cherchent à peser sur les débats sociaux et politiques actuels et, dans certains cas, à laisser une trace pérenne dans l’espace public (Habermas). Ces grands axes servent à fédérer déjà plus d’une vingtaine de chercheurs et de chercheuses des différents universités françaises et espagnoles, ainsi que d’autres pays comme la Suisse ou l’Argentine.

Nous avons déjà entamé la réflexion collective au sein de SYMBOLON autour de quelques concepts mobilisateurs comme Corps - Violences - Symboles - Mémoires - Identités. Nous travaillerons autour de ces axes tout en tenant compte de la problématique de l’Exception qui servira comme axe fédérateur au sein des travaux de l’Unité de Recherche AMERIBER entre 2021 et 2026.

L’une des raisons essentielles de la création de SYMBOLON est d’accorder aux jeunes chercheurs et chercheuses une place centrale dans les dispositifs de recherche grâce, entre autres, à la mise en place de séminaires périodiques. Ceux-ci sont de nature différente. D’un côté, certains séminaires seront ouverts à l’intervention des universitaires, chercheuses et chercheurs spécialistes des problématiques traités par les différents membres de l’équipe et abordées dans les thèses des doctorants afin de consolider les aspects épistémologiques et théoriques de leurs travaux. De l’autre, ils seront ouverts aux doctorants eux-mêmes afin de favoriser l’avancement dans la recherche et la rédaction de leurs thèses respectives, de créer un espace de débat et de dialogue horizontal et d’articuler un cadre de réflexion propice pour avancer dans l’ensemble de la production scientifique.

La création du Séminaire Internacional «Memoria, colonialismo y género» par les jeunes docteures Rocío Negrete Peña et Celeste Muñoz Martínez, dont la première session a eu lieu le 13 juin 2023 à l’Université Bordeaux Montaigne, constitue un excellent exemple des dynamiques que nous voulons encourager au sein de SYMBOLON.

D’autres séminaires auront une orientation plus monographique et seront articulés autour d’une même dynamique axée sur la lecture, l’analyse et le commentaire de deux textes : un article proposé par les doctorantes et les doctorants sur leurs sujets de thèse respectifs et un autre article de caractère plus théorique, épistémologique ou méthodologique sur ce même sujet proposé par le directeur ou la directrice de thèse afin de faciliter les échanges et une réflexion commune sur des points précis à aborder dans leurs travaux.

Enfin, la collaboration assidue avec d’autres équipes de recherche intéressées par ces mêmes problématiques constitue l’une de nos priorités à développer dans les années à venir. Nous avons déjà entamé, entre autres, une étroite collaboration avec l’Observatoire Européen de Mémoires (EUROM) qui constitue l’une des plateformes de recherche et de vulgarisation parmi les plus actives de l’Europe sur les problématiques mémorielles qui traversent le présent du vieux continent et qui constitue également un domaine prioritaire de recherche pour ce quinquennat.