L’expérience ontologique de la limite chez Eugenio Trías ou la limite, nouvelle pierre d’angle de son ontologie

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    Résumé : Cet article vise à revenir sur l'expérience ontologique que fit le philosophe Eugenio Trías, dans son œuvre, l'invitant à découvrir et révéler que l'être de la métaphysique se trouve dans la limite, cette limite qui devient chez lui la pierre d'angle de son ontologie, cette dernière étant en réalité une topologie.

    Mots-clés : Philosophie espagnole, Ontologie, Métaphysique, Trías, Limite

     

    Resumen : El objetivo de este artículo es volver la mirada a la experiencia ontológica que el filósofo Eugenio Trías hizo en su obra, invitándole a descubrir y revelar que el ser de la metafísica se encuentra en el límite, límite que se convierte para él en la piedra angular de su ontología, que es en realidad una topología.

    Palabras claves : Filosofía española, Ontología, Metafísica, Trías, Límite

     

    Abstract : The aim of this article is to revisit the ontological experience that the philosopher Eugenio Trías underwent in his work, inviting him to discover and reveal that the being of metaphysics is found in the limit, a limit that becomes for him the cornerstone of his ontology, the latter being in reality a topology.

    Keywords : Spanish philosophy, Ontology, Metaphysics, Trías, Limit

    « L’expérience ontologique de la limite chez Eugenio Trías ou la limite, nouvelle pierre d’angle de son ontologie »

    Camille Lacau St Guily
    Université Paris Sorbonne-CRIMIC

    Eugenio Trías ou la soif d’une nouvelle ontologie[1]

    Le philosophe catalan Eugenio Trías (1942-2013) connaît tôt, au cours de son « aventure philosophique », une double insatisfaction face à la métaphysique, d’une part face à sa conception traditionnelle, celle qui existe depuis Parménide et Aristote, mais également face à l’indigence dans laquelle elle se trouve alors, dans les circonstances qui sont les siennes, malmenée, voire maltraitée par le positivisme, le marxisme ou le structuralisme. Trías est animé par un grand désir de défendre une métaphysique humaine, humanisée, contre les projets philosophiques ou anti-métaphysiques qui visent notamment, en s’inscrivant dans une ère du « soupçon systématique sur l’objectivité de toute “ philosophie de l’homme ” »[2] (Caro Rey, 2015, p. 855), la liquidation de l’homme ou sa mort, comme l’annonce, selon lui notamment Michel Foucault, dans Les Mots et les Choses (1966).

    Plongé dans une profonde réflexion sur la métaphysique, sur ce que constitue l’être et sur ses contours, Trías fait une expérience spécifique qui détermine toute sa philosophie : une expérience ontologique. Et cette expérience puissante ne le conduit pas pour autant à défendre la conception classique de la métaphysique qui considère l’être en tant qu’être comme un absolu. Trías dépasse cette conception traditionnelle de l’être, parce qu’il découvre que l’être n’a rien de statique, ni de parfait, ni d’arrêté, que le « concept de Dieu n’est plus ni pur être ni pur Dieu » [3] (Pérez-Borbujo, 2005, p. 47). Il ne peut alors plus défendre une « métaphysique de l’être (ente), héritière d’une philosophie de la substance »[4] (Pérez-Borbujo, 2005, p. 347) ; selon Trías, l’être ne peut constituer une présence éternelle, comme cela était envisagé dans la tradition métaphysique occidentale, en particulier scolastique : « L’être a été réduit dans la scolastique à l’Ipsum Esse, à l’être lui-même, à la pure actualité sans mélange de puissance, à ce qui pouvait être défini par la loi intangible de l’identité, mais d’une identité vide et formelle : Dieu était l’Être lui-même »[5] (Pérez-Borbujo, 2005, p. 353). De façon radicale et définitive, Trías comprend a contrario que l’être a des limites (Trías, 1999, p. 17), qu’il est en construction, en puissance, « un être en manque »[6] (Pérez-Borbujo, 2005, p. 63), en mouvement, qu’il constitue, ce qui n’est pas sans rappeler Henri Bergson, « une réalité fondatrice, dynamique et vivante, qui bat dans les entrailles mêmes du monde et de l’homme […] »[7] (Pérez-Borbujo, 2005, p. 16), qu’il est même une éternelle récréation (Pérez-Borbujo, 2005, p. 378), s’inscrivant en cela dans le temps.

    Trías modèle alors une « nouvelle ontologie, ontologie de la finitude »[8] (Pérez-Borbujo, 2005, p. 382) – et dont on perçoit toute la teneur a priori oxymorique et paradoxale –, qui repose sur une « nouvelle terre métaphysique : celle de l’être de la limite »[9] (Pérez-Borbujo, 2013, p. 239). Or, cette découverte ontologique qui le surprend lui-même relève du mystère : « comme l’explique Trías lui-même dans ses mémoires, le mystère reste entier, même pour lui, quant au lieu et à la raison pour laquelle l’idée de limite comme nouveau terrain métaphysique est apparue dans son ouvrage Les Limites du monde (1985) »[10] (Pérez-Borbujo, 2013, p. 239). Avec lui, on ne peut donc plus penser l’être sans penser la limite :

    La limite nous donne la clé de la compréhension de l’être, d’un être en manque, en devenir, d’un être qui s’efforce d’être, d’un être historique. Cet être est un être dynamique, et non un être statique, qui devient. Dans les entrailles de cet être inquiet, expulsé de sa matrice, se trouve la naissance de la temporalité et de la spatialité. L’être dont nous faisons l’expérience est un être temporel, un être avec un passé éternel, [...][11]. (Pérez-Borbujo, 2005, p. 381-382).

    Trois ouvrages de Trías sont particulièrement consacrés à cette question de la limite, même si cette dernière habita quasiment toujours son cheminement intérieur et même si, dès 1985, dans Los límites del mundo, l’auteur commence à la développer. En 1991, Trías aborde, dans La lógica del límite, la limite dans l’art ; en 1994, dans La edad del espíritu, la limite dans la sphère religieuse, et, en 1999, dans son ouvrage de maturité La razón fronteriza, dans la philosophie. C’est à travers ces œuvres que Trías élabore une méthode ou méthodologie philosophique pour une nouvelle ontologie.

    De l’ontologie à la topologie

    Or, sa découverte philosophique n’est pas seulement ontologique, mais également topologique. Il existe un lieu de l’être, qu’il appelle aussi « espace-lumière » (Trías, 1999, p. 283) – sorte de clairière heideggerienne entendue et comme lumière, éclaircie, et comme lieu où se libère, comme ce qui est ouvert, mais également de clairière zambranienne[12], ce lieu de révélation de l’être –, qui n’amène pourtant pas à le réduire à un élément extensif substantiel – « L’être de la limite est ce qui est donné (comme don, comme donnée ou donation) dans cet espace-lumière qui est, par rapport au plan onto/logique à travers lequel circule l’être de la limite, son fondement topo/logique »[13] (Trías, 1999, p. 296) – : « Accéder à l’essence de l’être de la limite, pénétrer le Cœur battant de la limite originelle, est une tâche que Trías réserve à une science qui, selon lui, est plus basique et plus fondamentale que la métaphysique ou l’ontologie elle-même : la topologie »[14] (Pérez-Borbujo, 2005, p. 389). Progressivement, dans une forme d’exode ou d’exil intérieurs et intellectuels, Trías quitte la terre ferme d’une conception ontologique ou plutôt substantielle de l’être, qui considère comme centre de la réflexion métaphysique l’être en tant qu’être, et s’aventure dans les sables mouvants topologiques, de la limite. De la même façon que l’homme est en exil, échappant continuellement à lui-même, l’être est dynamisé et se trouve toujours au seuil, à la frontière, à la limite, comme excentré, fuyant en cela toute fixation extensive et matérialisable.

    Dans La razón fronteriza, Trías s’étonne d’ailleurs de l’absence de considération de la limite dans l’histoire de la métaphysique, qu’elle ait toujours été minorée et qu’elle n’ait jamais été considérée comme capitale, voire nécessaire pour penser l’être :

    La limite apparaît ici et là ; mais jamais au centre même de l’orientation philosophique. Et elle n’est certainement jamais pensée comme nous essayons de la penser ici, en termes ontologiques et topologiques radicaux. Cette pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs doit donc devenir la « pierre d’angle » de cette construction philosophique. Car c’est une construction, ou plutôt une reconstruction de l’édifice philosophique de la raison, dans son rapport à la réalité, qui adopte la limite comme pierre angulaire particulière. Au lieu de proposer une dé-construction ou une démolition des traditions de pensée philosophiques, on tente ici de les recréer de manière constructive dans et à partir du déplacement de leur pierre d’angle (Trías, 1999, p. 281-282)[15].

    La limite, la pierre d’angle de son ontologie

    La limite trop longtemps méprisée par les bâtisseurs de la métaphysique devient ainsi la pierre d’angle de l’ontologie triasienne. Trías veut donc recentrer la métaphysique sur la limite, presque constitutivement marginalisée, comme il le montre dans l’ensemble de La Razón fronteriza, mais surtout au quatrième chapitre, intitulé « La proposición filosófica » ; ce dernier chapitre se compose de deux sous-chapitres, le premier « Sobre la voluntad de sistema », le second « La proposición filosófica ». Ce second sous-chapitre résume clairement et synthétiquement sa pensée sur la limite, précisément sur l’être de la limite[16]. Il y formule explicitement ce qui relève d’un manifeste métaphysique ; c’est la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs – la limite –, qui se convertit en socle, fondement, pierre d’angle, en lieu ontologique par excellence pour mieux s’orienter dans l’aventure de la pensée, dans une sorte de revisitation métaphysique ou métabolisation du psaume bien connu de la Bible – « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs/ est devenue la pierre d’angle » (Psaume 117-22) : « IV. 1. Elle n’a jamais été radicalement pensée, ni conçue comme la pierre angulaire d’une aventure et d’une proposition philosophiques. Cette proposition philosophique ne fait que transformer cette pierre écartée, ou à peine prise en compte, ou à peine pensée, en une véritable pierre angulaire. Il est donc proposé ici de penser cette limite comme étant, comme étant elle-même »[17] (Trías, 1999, p. 398). La nouveauté et la radicalité de l’ontologie triasienne est de penser la limite comme l’être même.

    Pour Trías donc, même si « toute limite est révélatrice d’un manque, de “ quelque chose qui manque ” »[18] (Trías, 1999, p. 300), cette carence ou interstice ne sont pas antithétiques à l’être, a contrario. La limite, parce qu’elle n’est pas pleine d’elle-même, est relation, ouverture vers, est « co-relation »[19] (Trías, 1999, p. 329). Trías casse ainsi la représentation restrictive et aporétique de la limite ; elle n’est pas une clôture, un mur qui empêche, enferme ou emprisonne, mais elle permet de tracer des frontières, entre des réalités ou espaces différents qui existent de fait, rendant même le topos de l’être réellement habitable :

    D’une part, une limite est une restriction, voire une interdiction, une référence à l’espace que l’on ne peut pas franchir, à la frontière qu’il n’est pas interdit de franchir. D’autre part, en remontant au concept latin de limes et en parallèle au terme grec horos (d’où provient le mot “ horizon ”), la limite est un espace qui peut être habité. La limite, en ce sens, est un espace habité, mais relatif, c’est-à-dire en relation avec un autre espace. La limite, pour cette raison même, est positive, non restrictive, mais elle encadre l’espace dans lequel l’être peut être. Ou, pour le dire autrement, la limite contient en elle-même le négatif vers l’extérieur mais le positif vers l’intérieur[20] (Segade, 2017, p. 103).

    La critique Estela Mateo Regueiro souligne, elle aussi, la spécificité de la pensée triasienne de la limite : « La limite est présentée comme une barrière infranchissable, un véritable encerclement. Trías, au contraire, nous montre la limite comme une barrière que l’on dépasse »[21] (Mateo Regueiro et al, 2013, p. 6). Pour montrer que la limite n’est pas intrinsèquement mortifère, mais phénoménologiquement seuil, passage vers un autre topos, Mateo Regueiro ajoute : « Pour Trías, la limite ne renvoie pas à une fin, c’est un seuil où les sphères du fini et de l’infini, généralement refermées sur elles-mêmes, sont en dialectique »[22] (Mateo Regueiro, 2013, p. 9).

    La topologie des trois sphères

    La limite, dans la mesure où elle met en dialectique, où elle ouvre sur autre chose qu’elle-même, sorte de ferment de fécondité, permet le lien, invite à la mise en relation ou correspondance avec des sphères ontologiquement différentes. C’est ainsi que Trías élabore une « topologie des trois sphères »[23] (Pérez-Borbujo, 2005, p. 400), qui constitue un « triangle ontologique »[24] (Segade, 2017, p. 105). « La philosophie de la limite repose sur trois composantes qui lui sont propres : l’être de la limite, la raison frontalière et les formes symboliques »[25] (Trías, 1999, p. 18-20). « Les trois concepts forment métaphoriquement un triangle, de sorte qu’aucun des sommets ne peut manquer pour conserver sa forme. Les trois concepts ont besoin les uns des autres »[26] (Segade, 2017, p. 105).

    Trías qui est un artisan-poète notamment de concepts philosophiques, invente ainsi, en plus de l’être de la limite, le « concept critique de la philosophie de la limite » (Trías, 1999, note 2, p. 18), qu’il appelle « raison frontalière »[27]. Selon Trías, cette « raison frontalière »  est « une raison qui naît de la réalité limitative qui la détermine et qui, en vertu de sa condition limitative, est radicalement différente d’une conception telle que celle d’une raison absolue ou d’une raison qui se réfère à l’ “infini absolu” »[28] (Trías, 1999, p. 19). Et, là encore, Trías qui ne défend pas l’être en tant qu’être, mais l’être de la limite, critique la raison absolue au profit d’une raison plus humaine, plus ajustée au réel – qui n’est pas sans rappeler la « raison poétique » de María Zambrano, toujours ouverte sur l’altérité et qui existe qu’en tant qu’elle réconcilie les différences, les fait jouer les unes avec les autres harmonieusement. La « raison frontalière » révèle

    la fissure ou hiatus (que l’homme est et incarne) entre la physis et le logos (Philosophie du futur), entre le monde et le hors-monde (Les limites du monde), entre la sphère de l’apparaître et la sphère hermétique (Logique de la limite). L’homme [...] fait ainsi l’expérience de sa propre condition, de sa propre place en tant qu’être « excentrique » par rapport à l’ordre naturel et à l’espace divin, par rapport au monde et au mystère, [...][29]. (Martínez-Pulet, 2003, p. 53).

    Et le troisième versant incontournable du triangle ontologique de Trías est le « supplément symbolique » ou formes symboliques ; il est ce qui permet à l’invisible, au mystère, d’être nommé, incarné, de prendre une forme, notamment à travers les arts ou la religion, d’apparaître dans ce que Trías nomme « sphère de l’apparaître »[30]. Car, selon Trías, il existe trois champs ou sphères, la sphère de l’apparaître, celle de l’invisible, qui ont en commun la sphère de la limite :

    Dans la terminologie ontologique (topologique) de Trías, ce qui définit la limite, ce sont trois sphères : la sphère de l’apparaître (qui est l’existence présente, la réalité physique et naturelle) et la sphère hermétique (qui est l’arcane) ; entre les deux se trouve la sphère frontalière. [...]. La frontière, ontologiquement parlant, n’est pas ce qui sépare l’être et l’entité, mais l’être et le néant. Ce néant est compris comme l’« ombre » de l’être-frontalier. [...].[31] (Segade, 2017, p. 103-104).

    De concert

    Enfin, cette question de la limite n’est pas un questionnement exclusivement métaphysique. La pensée de Trías, si elle délimite ou conçoit les limites de l’être, propose une vaste méthode de l’ouverture, nous le disions, qui cherche à faire tomber les frontières hermétiques et infranchissables, bâties par une pensée endurcie et endurcissante, entre ce qui apparaît et ce qui est mystérieux, entre ce qui est et ce qui n’est pas, entre la philosophie et l’art, particulièrement la musique. Ainsi, de la même façon que la limite de Trías met en relation le domaine de l’apparaître et de l’invisible, de même Trías cherche la réconciliation entre la métaphysique et l’esthétique, la philosophie et l’art, à penser leur relation. Sa philosophie de la limite est même une métaphysique esthétique (Pérez-Borbujo, 2005, p. 29). C’est le titre du chapitre XV de La otra orilla de la belleza. En torno al pensamiento de Eugenio Trías : « La philosophie de la limite comme “ métaphysique esthétique ” »[32] (Pérez-Borbujo, 2005, p. 399). Selon Trías, l’art permet de mieux parvenir à la vérité car les symboles auxquels il recourt vont au-delà des concepts abstraits. Le symbole permet à l’idée et au réel de s’incarner. L’art est le vecteur le plus adéquat vers l’être, un pont vers lui ; il relie le fini et l’infini, le visible et l’invisible, le sensé et l’insensé, l’être et le néant. Comme le souligne Pérez-Borbujo, « sa pensée fait fraterniser Beauté et Vérité, Symbole et Idée »[33] (Pérez-Borbujo, 2005, p. 434). « Le philosophe, dominé par une passion érotique, amoureux de la Sagesse, doit concilier vérité et beauté »[34] (Pérez-Borbujo, 2005, p. 435). Ainsi, en élaborant une philosophie de la limite, ce que Trías cherche à façonner, en héritier étonnant du Platon du Timée, ce ne sont pas des clôtures, ni des carcans qui cloisonnent, mais une philosophie fraternelle au sens où les notions qu’il aborde, les arts, les hommes, ne sont pas atomisés, les uns face aux autres ou même à côté des autres, mais mis en lien, en relation, malgré leurs différences intrinsèques qui prennent de la saveur, du pigment et de l’épaisseur, en jouant de concert.

     

     

    Bibliographie

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    Trías, E. (1985). Los límites del mundo. Barcelona, Ariel.

    Trías, E. (1988). La aventura filosófica. Madrid, Mondadori.

    Trías, E. (1991). Lógica del límite. Barcelona, Ediciones Destino.

    Trías, E. (1999). La razón fronteriza. Barcelona, Ediciones Destino.

    Trías, E. (2007). El canto de las sirenas. Argumentos musicales. Barcelona, Galaxia Gutenberg, Círculo de Lectores.

    Trías, E. (2010). La imaginación sonora. Argumentos musicales. Barcelona, Galaxia Gutenberg, Círculo de Lectores.

     

     

    [1] L’objectif de ce bref article consiste en une introduction de la pensée d’Eugenio Trías et de ses grandes découvertes ou compréhensions métaphysiques, pour un public francophone et/ou de non-spécialistes.

    [2] « la sospecha sistemática sobre la objetividad de cualquier “filosofía del hombre” ».

    [3] « concepto de Dios ya no es puro ser ni puro Dios ». Pour découvrir l’œuvre philosophique d’Eugenio Trías, consulter, entre autres, le très beau livre de Fernando Pérez-Borbujo, intitulé La otra orilla de la belleza. En torno al pensamiento de Eugenio Trías, publié de 2005, boussole éclairante pour s’orienter dans cette pensée complexe.

    [4] « metafísica del ser (ente), heredera de una filosofía de la sustancia ».

    [5] « El ser quedó reducido en la escolástica al Ipsum Esse, al ser mismo, a la pura actualidad sin mezcla de potencia, a aquello que podía definirse por la ley intangible de la identidad, pero de una identidad vacía y formal : Dios era el Ser mismo ».

    [6] « un ser en falta ».

    [7] « una realidad fundante, dinámica y viva, que late en la entraña misma del mundo y del hombre, […] ».

    [8] « nueva ontología, ontología de la finitud ».

    [9] « nueva tierra metafísica: la del ser del límite ».

    [10] « Como el mismo Trías explicó en sus memorias, sigue siendo un misterio, incluso para él, de dónde y por qué surgió la idea de límite como nuevo suelo metafísico en su obra Los límites del mundo (1985) ».

    [11] « El límite nos da la clave para la comprensión del ser, de un ser en falta, en devenir, un ser que porfía por ser, un ser histórico. Este ser es un ser dinámico, no estático, que deviene. En la entraña de este ser inquieto, expulsado de su matriz, se encuentra el nacimiento de la temporalidad y de la espacialidad. El ser que experimentamos es un ser temporal, un ser con un pasado eterno, […] ».

    [12] Voir à ce sujet Claros del bosque de María Zambrano, publié en 1977.

    [13] « El ser del límite es aquello que se da (como don, como dato o donación) en ese espacio-luz que es, respecto al plano onto/lógico por donde circula el ser del límite, su fundamento topo/lógico ».

    [14] « Acceder a la esencia del ser del límite, penetrar en el Corazón batiente del límite originario, es tarea que Trías reserve a una ciencia que, en su opinión, es más básica y más fundamental que la propia metafísica u ontología: la topología ».

    [15] « El límite aparece aquí y allá; pero nunca en el centro mismo de la orientación filosófica. Y desde luego nunca es pensado como se trata de pensar aquí, en términos ontológicos y topológicos radicales. Esa piedra desechada debe convertirse, pues, en “piedra angular” de esta construcción filosófica. Pues se trata de una construcción, o mejor, de una reconstrucción del edificio filosófico de la razón, en su relación con la realidad, que adopta el límite como su peculiar piedra angular. En lugar de proponer una des-construcción o desedificación de las tradiciones filosóficas del pensamiento, se intenta aquí una recreación constructiva de las mismas en y desde el desplazamiento de su piedra angular ». Trías ajoute : « De hecho la metodología de esta crítica de la razón fronteriza se comprende a sí misma como la consciente prosecución de la ruta que ese espacio mediador hace posible, en el cual se aloja el limes como en propio del ser, y que como tal espacio asume condición estrictamente topológica (en su carácter fundante de espacio-luz)” » (Trías, 1999, p. 283). « Ese espacio intersticial en que se aloja el ser del límite, equidistante de razón y realidad; fundador a la vez del orden racional y del real » (Trías, 1999, p. 284). « Luego ese limes revela, en su propia constitución esencial, un doble poder o potencia, la potencia de conjunción y la potencia disyuntiva. El limes une y distingue. Luego él mismo, en su pura interioridad, constituye una potencia de unión y diferenciación » (Trías, 1999, p. 285).

    [16] Ce chapitre s’étend de la page 395 à la page 425.

    [17] « IV. 1. Nunca ha sido radicalmente pensado, o concebido como piedra angular de una aventura y de una propuesta filosófica. Esta proposición filosófica no hace sino convertir esa piedra desechada, o apenas tenida en consideración, o escasamente pensada, en verdadera piedra angular. De este modo se propone aquí pensar ese límite como ser, como el ser mismo ».

    [18] « todo límite es revelador de una carencia, de “algo que falta” ».

    [19] « co-relación ».

    [20] « Por un lado, un límite es una restricción, incluso una prohibición, una referencia al espacio que no podemos traspasar, la frontera que no está vedado atravesar. Por otro lado, acudiendo al concepto latino de limes y en paralelo al término griego horos (de donde proviene “horizonte”), el límite es un espacio que puede ser habitado. El límite en este sentido es un espacio que se habita, pero que es relativo o sea, que es en relación a otro espacio. El límite, por esta misma razón, es positivo, no restrictivo, sino que enmarca el espacio en el que el ser puede ser. O dicho de otra manera, el límite contiene en sí lo negativo hacia el exterior pero lo positivo hacia el interior ».

    [21] « El límite se presenta como una barrera infranqueable, un verdadero cerco. Trías, por lo contrario, nos muestra el límite como cerco que sobrepasamos ».

    [22] « Para Trías, el límite no hace referencia a un fin; es un umbral donde las esferas de lo finito y lo infinito, cerradas generalmente en sí mismas, están en dialéctica ».

    [23] « topología de tres cercos ».

    [24] « triángulo ontológico ».

    [25] « La filosofía del límite se sostiene sobre tres componentes que le son propios: el ser del límite, la razón fronteriza y las formas simbólicas ».

    [26] « Los tres conceptos forman metafóricamente un triángulo, de tal manera que no puede faltar ninguno de los vértices para mantener su forma. Los tres se necesitan ».

    [27] « razón fronteriza ».

    [28] « una razón que brota de esa realidad limítrofe que la determina; y que en virtud de su condición limítrofe se diferencia, radicalmente, de una concepción como la propia de una razón absoluta, o referida a lo “absolutamente infinito” ».

    [29] « la grieta o hiato (que el hombre es y encarna) entre la physis y el logos (Filosofía del futuro), entre el mundo y el sinmundo (Los límites del mundo), entre el cerco del aparecer y el cerco hermético (Lógica del límite). El hombre […] hace así la experiencia de su propia condición, de su propio lugar como ser “excéntrico” respecto del orden natural y del espacio divino, respecto del mundo y del misterio, […]”.

    [30] « el cerco del aparecer ».

    [31] « En la terminología ontológica (topológica) de Trías, los que definen el límite son tres cercos: el cerco del aparecer (que es la existencia presente, la realidad físico-natural) y el cerco hermético (que es el arcano); entre ellos se encuentra el cerco fronterizo. […] El límite, ontológicamente hablando, no es lo que separa el ser y el ente, sino el ser y la nada. Esta nada se entiende como la “sombra” del ser fronterizo. […] ».

    [32] « La filosofía del límite como “metafísica estética” ».

    [33] « Su pensamiento hace fraternizar Belleza y Verdad, Símbolo e Idea ».

    [34] « El filósofo, dominado por una pasión erótica, amante de la Sabiduría, tiene que volver a hermanar verdad y belleza ».